mercredi 2 juillet 2008

My summer poll is really made from all this things

Les sondages sont-ils fiables ? Réponse : plus ou moins.

Et les sondages réalisés durant l'été ? Réponse : un peu moins que plus ou moins.

Tous les quatre ans, les Etats-Unis sont en campagne pour la présidentielle, ce qui donne lieu à une multitude de sondage. Or, certains analystes on pu noter deux particularités aux sondages réalisés pendant l'été. Tout d'abord, on constate une très grande variabilité entre les résultats des différents instituts (mais est-ce vraiment spécifique à la période estivale ?). Et surtout, on observe que le candidat républicain est généralement sous-estimé de quelques points (entre 3 et 5) pendant cette saison (en 2004, le candidat démocrate, John Kerry, semblait quant à lui sous-estimé durant le mois de novembre, mais cela semble être propre à cette élection seulement).



Pourquoi ? Dès 1980, Louis Harris expliquait cette anomalie apparente par un fait bien simple : les électeurs républicains sont plus âges et plus riches que les démocrates, ils voyagent donc plus, sont moins susceptibles d'être chez eux durant les mois d'été, et ils ne peuvent donc pas répondre aux appels téléphoniques des instituts de sondage. Puisque, contrairement à une idée répandue, le comportement électoral des riches et des pauvres n'a pas spécialement changé depuis la New Deal (voir ici, , et bientôt ), ce modèle n'a guère de raison d'être périmé aujourd'hui.

Bien entendu, moins la méthodologie de l'institut est de bonne qualité, plus le pourcentage du candidat républicain sera sous-estimé, et inversement. La plupart des "mauvais" sondeurs utilisent une méthode contestée, celle du random digit dialing : un ordinateur tire au hasard un numéro de téléphone à appeler. Cette technique présente bien des problèmes au premier rang desquels la question de la représentativité de l'échantillon. Si durant l'été les républicains sont moins facilement joignables que les démocrates, alors l'échantillon est faussé.

En principe, un bon institut rappellera le numéro injoignable, mais quand on sait que les médias préfèrent utiliser les services des sondeurs aux techniques les moins onéreuses, et que ceux-ci préfèrent faire vite (et donc ne pas prendre le temps de rappeler les personnes absentes de leur domicile à plusieurs reprises), on comprend que le biais ainsi induit n'est pas sans conséquences.

Imaginons un exemple extrême pour illustrer cet effet. Dans la ville de Green Bay, Wisconsin (220,000 habitants), un référendum est organisé au sujet de la construction d'un nouveau stade pour l'équipe de football américain locale, les Packers. Un institut de sondage décide de conduire une enquête, mais choisit de la mener le jour où les Packers jouent à domicile au Lambeau Field, dont la capacité est de 72,000 place. Admettons que 50,000 habitants de Green Bay décident d'aller voir le match, prêt d'un quart de la population de la ville est alors injoignable par téléphone. Bien entendu, l'échantillon recueillit par le sondeur sera très différent de la réalité de la population de la ville. Toute proportion gardée, c'est le même effet qui joue sur les sondages réalisés pendant l'été.

Bref, avec Barack Obama à 5,4 points d'avance sur John McCain selon RealClearPolitics, ce dernier n'a - pour l'instant - pas trop à s'inquiéter. Les deux candidats sont à égalité.

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