mardi 26 août 2008

Un bide pour Biden ?

Le jeux de mot est un peu facile, mais il est pour l'instant justifié. Trois jours après le choix de Joe Biden comme colistier, les sondages ne semblent pas marquer la hausse qui bénéficie traditionnellement au candidat concerné.

Gallup nous rappelle que, lors des trois derniers scrutins présidentiels, l'annonce du nom du colistier a bénéficié au ticket concerné, de manière certes diverse (entre trois points de hausse pour la nomination de Dick Cheney en 2000 et neuf points pour celle de Jack Kemp en 1996). Reste que la hausse, selon l'institut, est "en moyenne de cinq points".


De même, le choix du colistier est bien évidemment basé en grande partie sur la capacité de ce dernier à attirer des électeurs hésitants et à leur donner plus envie de voter pour son ticket. Le Roper Center for Public Opinion Research nous donne un aperçu de la réalité de cet effet lors des trois dernières élections présidentielles.


Comme souvent, les différents instituts posent des questions sensiblement différentes, mais à chaque fois, une même tendance se dessine : une large majorité des électeurs estime que le nom de colistier ne fait "pas de différence" quant à leur vote; entre un quart et un cinquième de l'électorat estime que le colistier les incite à voter pour le ticket; entre un vingtième et un cinquième des électeurs se disent moins enclins à voter pour le ticket.

Quelle est la situation cette année, à la suite de la désignation de Joe Biden ?

Seuls trois sondages ont été totalement réalisés suite à cette désignation, dont deux daily tracking polls.

Pour l'enquête CNN/Opinion Research effectuée entre les 23 et 24 août, John McCain et Barack Obama sont à égalité, avec 47% d'intentions de vote chacun. C'est un net recul par rapport à la précédente étude CNN/Opinion Research, qui donnait à Barack Obama 51% des voix contre 44% à son adversaire républicain, soit une avance de sept points.

Il en va de même chez Rasmussen, qui note que "les résultats des sondages sont en mouvement, mais pas dans la direction que beaucoup anticipaient". En effet, alors que Barack Obama dépassait John McCain de trois points les 24 et 25 août, le résultat du 26, le seul réalisé entièrement depuis la nomination de Joe Biden (Rasmussen agrège les résultats des sondages des trois derniers jours), met les deux candidats à égalité, avec 44% des voix chacun et 46% en comptant les électeurs hésitants mais qui émettent quand même un avis. C'est la première fois depuis le 9 août que McCain rattrape son adversaire.


Dans un autre sondage, le même institut indique que le nombre d'Américains se montrant plus enclins à voter Obama avec Joe Biden à ses côtés est similaire au nombre de ceux se montrant moins enclins à voter pour ce ticket (32%) alors que comme on l'a vu, les premiers ont dans es dernières élections toujours surpassé les seconds.

Enfin, Gallup montre une tendance similaire. Généralement en avance ou à égalité avec John McCain, Barack Obama est distancé de deux points. C'est la première fois que le républicain dépasse le démocrate depuis le début du mois de juin.


Pourquoi le choix de Joe Biden semble avoir un impact négatif sur la campagne démocrate ? Sans doute en grande partie à cause de la dureté de la course à l'investiture des six premiers mois de l'année. Dans l'enquête Rasmussen déjà citée, la différence de réaction à la nomination de Joe Biden est flagrante entre les hommes et les femmes : les hommes sont plus enthousiastes envers le choix d'Obama que les femmes.


L'ampleur du fossé à la question "Biden était-il le bon choix" (réponse positive de +22 pour les hommes, contre +6 pour les femmes) peut faire penser que les femmes, qui ont très majoritairement voté en faveur de Hillary Clinton pendant les primaires, estiment que celle-ci aurait du figurer sur le ticket démocrate. La plus faible différence entre hommes et femmes aux autres questions est un indication que les femmes n'ont pas une opinion nettement plus défavorable que les hommes envers Joe Biden et sa capacité à devenir, le cas échéant, Président. Pour les électrices Américaines, Hillary Clinton était un choix logique et la surprise est mauvaise, mais il n'y a cependant pas de rancœur particulière envers le colistier finalement choisit.

Reste que nous sommes le 26 aout, trois jours après l'annonce de la nomination de Joe Biden. Peut-être faudrait-il attendre quelques jours pour prendre l'entière mesure de l'effet de ce choix sur l'opinion publique américaine. Mais la Convention démocrate qui commence risque de brouiller l'interprétation des prochaines évolutions des sondages : seront-elles conséquences de la nomination de Joe Biden, de la Convention, ou d'autres événements inattendus ?

mardi 22 juillet 2008

Quel avenir pour Joe Lieberman ?

Joe Lieberman a été un des acteurs marquant de le vie politique américaine de ces dix dernières années. Sénateur modéré du Connecticut depuis 1988, il a été un des critiques les plus sévère de Bill Clinton au sein de son camp pendant l'affaire Lewinsky, avant d'être le colistier de Al Gore lors de l'élection présidentielle de 2000. De plus en plus en porte à faux avec les positions de son parti concernant la guerre en Irak et, plus globalement, la lutte contre le terrorisme, il tente vainement sa chance lors des primaires présidentielles de 2004.

Lors de sa campagne de réélection pour le Sénat en 2006, il est battu lors des primaires par l'entrepreneur Ned Lamont, mais décide de se présenter malgré tout en tant que candidat indépendant. Il parvient néanmoins à l'emporter nettement, grâce à l'appoint des voix modérées et conservatrices et choisit alors de siéger en tant qu'"Indépendant Démocrate". Les démocrates, n'ayant obtenu la majorité au Sénat que d'une voix, pour être certain qu'il reste au sein de leur groupe, sont dans l'obligation de lui céder la présidence du comité à la sécurité intérieure et aux affaires gouvernementales en vertu du principe de seniority et de lui accorder une totale liberté de vote à la condition qu'il se range avec ces collègues démocrates sur les votes procéduraux.

Joe Lieberman n'est pas devenu conservateur pour autant. En effet, comme le montrent Keith Poole et Howard Rosenthal dans une étude consacrée à un tout autre sujet, Joe Lieberman, s'il se situe clairement dans l'aile centriste du parti de l'âne, est loin d'être le plus conservateur des élus démocrate. L'analyse des votes des Sénateurs en 2007 montre même qu'il est assez prêt du centre du parti, étant le 31ème Sénateur le plus libéral sur 51 élus démocrates : 20 de ses collègues sont plus à droite que lui, 30 plus à gauche. Et on peut même penser qu'en dehors des questions liées à la politique étrangère, l'élu du Connecticut est particulièrement libéral, car il est un des seuls démocrates à voter avec les républicains sur cet enjeu.

Mais Joe Lieberman restera-t-il un acteur majeur de la vie politique américaine après l'élection de novembre prochain ? En donnant son appui à John McCain en décembre 2007, il a en effet franchit un pas qui pourrait être préjudiciable à son avenir politique.

Si John McCain l'emporte, et s'il ne le désigne pas comme son colistier, il y a fort à parier qu'il y aura un poste dans la nouvelle administration pour Joe Lieberman. Le candidat républicain a déjà laissé entendre qu'il pourrait ainsi devenir Secrétaire d'État en remplacement de Condoleezza Rice, et son avenir ne passerait plus par le Sénat.

Mais si Barack Obama était élu, ou si John McCain n'offrait finalement pas de poste au Sénateur du Connecticut, ce dernier resterait au Sénat où sa position politique pourrait devenir difficile. Les démocrates ont en effet de grande chances d'accroitre leur domination en emportant un siège en Virginie et un au Nouveau Mexique. Et les sièges du New Hampshire, du Colorado, de l'Alaska et du Mississippi sont eux aussi prenable. Le parti de l'âne peut donc raisonnablement espérer une majorité de 55 à 57 sièges à l'ouverture du prochain Congrès.

Dans ces conditions, la voix de Joe Lieberman ne serait plus aussi indispensable aux démocrates qu'aujourd'hui. Pourtant, ils pourraient estimer que puisque le Sénateur est en phase avec le parti sur la plupart des questions, il serait plus profitable de se boucher le nez et de lui accorder la présidence de son comité plutôt que de risquer de la lui enlever, ce qui pourrait le faire tomber dans les bras des républicains et donc à voter plus souvent dans un sens conservateur.

L'avenir de Joe Lieberman dépendra sans doute de l'intensité de son engagement en faveur de John McCain. Les tensions se sont accrues au fur et à mesure de la campagne entre le Sénateur et ses collègues démocrates. Si il continue de s'en prendre violemment aux positions de Barack Obama, s'il délivre un discours à la Convention républicaine de Saint-Paul, il pourrait suffisamment heurter les leaders de la majorité démocrate au Congrès pour qu'ils se décident à le chasser de la Présidence du comité, malgré les difficultés politiques qui risquent de s'ensuivre.

Toutefois, le plus grand danger pour Joe Lieberman serait que John McCain l'emporte en novembre et ne lui propose pas de poste dans son administration. Les démocrates auraient alors toutes les chances de reporter leur colère sur lui, d'autant plus qu'ils seraient plus soucieux de disposer de comités sûrs. Plus sûrement, en tout cas, que si Barack Obama devient le 44ème Président.

dimanche 20 juillet 2008

Vae Victis ?

Comme à chaque élection présidentielle, certains analystes essaient d'envisager les conséquences que la défaite pourrait avoir sur le parti qui la subira. D'autres, plus audacieux, émettent l'hypothèse que la défaite pourrait avoir des effets positifs pour le parti qui la subira, et que la victoire de son adversaire pourrait bien n'être qu'un cadeau empoisonné.

Russ Stewart prévoit ainsi, en cas de victoire de John McCain, une véritable "extinction" du parti républicain et un réalignement démocrate. Plus modéré, Stuart Rothenberg estime simplement qu'une présidence McCain serait "un cauchemar" pour le GOP : le candidat républicain entrerait rapidement en conflit avec les conservateurs et chercherait plutôt le soutien des démocrates modérés, divisant son parti. Les deux sont en tout cas d'accord sur un point : le vainqueur de 2008 sera le perdant de 2012. Les défis seront tellement immenses pour le nouveau Président qu'il perdra immanquablement une partie de son crédit et sera vraisemblablement balayé par son adversaire.

Entendons-nous bien : pour un parti politique en campagne, la victoire est toujours l'objectif. Il est douteux que de nombreux républicains espèrent secrètement la victoire de Barack Obama pour des motifs purement stratégiques. En 2000, certains démocrates amers se consolaient en estimant que, au vu de l'incompétence supposée de la nouvelle administration et des difficultés économiques qui se profilaient à l'horizon, la victoire à l'arraché de George Bush serait bénéfique à leur parti, qui n'aurait aucun mal à remporter la majorité au Congrès lors des élections de 2002, puis à revenir à la Maison Blanche en 2004. On a vu ce qu'il en a été...

Reste que la défaite de Barack Obama serait à mon avis une catastrophe pour le parti démocrate, alors que le GOP pourrait tirer quelque avantage de l'échec de son candidat.

Incontestablement, les républicains sortent épuisés de ces huit ans d'administration Bush, et ils ont besoin d'un "changement d'image". En effet, on assiste à l'émergence d'une nouvelle génération beaucoup moins réceptives que les précédentes au conservatisme social (voir notamment les enquêtes du Pew et de CBS/NYT), et beaucoup plus critique envers la gestion de la guerre en Irak et plus globalement de la guerre contre le terrorisme. Un renouvellement, même partiel, du corpus idéologique républicain ne sera pas de trop pour parvenir à attirer les votes des 18-29 ans, cette génération perdue pour le parti républicain. Autant une victoire aurait peut-être pour conséquence de masquer l'existence de ces problèmes, autant une défaite les mettrait clairement à jour, même si elle ne garantirait en rien leur résolution.

La situation est différente chez les démocrates. Si Barack Obama perdait, le risque d'une véritable guerre civile interne au parti de l'âne n'est pas à exclure. Les gains que le parti obtiendra sans l'ombre d'un doute au Congrès seront totalement masqués par les querelles internes a propos de la responsabilité de la défaite. Barack Obama et Hillary Clinton ont des positions politiques très proches. Mais leurs supporters, eux, étaient très différents : au Sud, blancs contre noirs; au nord-est, blancs pauvres contre élites libérales (jeunes, urbains, diplômés) et noirs; au sud-ouest, blancs pauvres et hispaniques contre élites libérales; et au nord-ouest, blancs pauvres contre blancs riches. Au final, on retrouve avec deux partis démocrates très différents : d'un côté, le parti qui a voté pour Hillary Clinton, une gauche ouvrière et populiste, sorte de réminiscence du parti populiste des années 1890. De l'autre côté, le parti de Barack Obama, une gauche intellectuelle et plus axée sur les questions sociétales qu'économiques. Sans doute la parti apparait aujourd'hui uni, mais nul doute qu'en cas de défaite, les deux camps s'accuseront mutuellement d'être responsables de l'échec. Et après 8 ans hors de la Maison Blanche, et alors que la conjoncture était insolemment favorable aux démocrates, la bataille pourrait être violente.

Et qui sait ? Si les leaders du parti prenaient conscience de la division de l'électorat démocrate et décidaient d'en jouer afin de reprendre la main sur la "machine", si en plus le Président McCain parvenait à utiliser ses divisions internes pour faire passer son programme au Congrès et bloquer l'agenda démocrate, alors on pourrait assister à la naissance d'un véritable tiers-parti virtuel au Congrès.

C'est naturellement là une hypothèse extrême, mais le parti démocrate est sans doute plus divisé que le parti républicain. Lors des élections de mi-mandat de 2006, le parti de l'âne a pris au GOP les circonscriptions occupées par des républicains modérés au nord-est (New York, Pennsylvanie, Connecticut), et dans le même temps, il emportait quelques sièges dans le Sud grâce au recrutement de candidats modérés, voire conservateurs. Ainsi, alors que le GOP devanait de plus en plus conservateur en perdant quelques uns de ses rares élus modérés, le parti démocrate devenait plus hétérogène, en gagnant des élus libéraux comme des élus conservateurs. Et cette tendance s'est poursuivie avec les victoires des démocrates conservateurs Don Cazayoux en Louisiane et Travis Childers dans le Mississippi durant le printemps 2008. En novembre prochain, les victoires attendues de l'ancien Gouverneur Mark Warner pour le siège de Sénateur de Virginie et de Jay Nixon pour le siège de Gouverneur du Missouri, auxquelles s'ajouteront probablement des victoires démocrates dans des sièges à la Chambre des Représentants en Virginie et en Alabama accroitront encore cette progression des démocrates modérés voire conservateurs au sein du parti.

Pas de surprise dans cette évolution : plus un parti est majoritaire, plus il est divisé.

mercredi 16 juillet 2008

Tube de l'été

Après Nancy Sinatra et Lee Hazlewood qui avaient inspiré le titre de mon dernier post, voilà une autre version estivale de cette folie des sondages, tirée cette fois de Grease, et trouvée sur le forum du David Leip's Atlas of U.S. Presidential Elections.

Summer polling, it will not last!
Summer polling, it will soon pass!
Saw a poll, made me crazy!
In Wyoming, Obama +3!
Summer fun, is halfway done.
But Oh, oh the summer polls!
Whoa! Whoa! Whoa!

Poll AL, Poll UT
Will McCain win MA?
Poll IL, Poll MD
He's up 5 there today!

Come September, thats when it ends
By October, they'll be new trends
Then we'll know, who'll likely win
And we'll look, back with a grin

Idaho, not even close
Bu-hut, oh
Those su-hummer pooooooooo-ooooooooooools
Poll OK, Poll CAAA-aaa-A-a-A!

mercredi 2 juillet 2008

My summer poll is really made from all this things

Les sondages sont-ils fiables ? Réponse : plus ou moins.

Et les sondages réalisés durant l'été ? Réponse : un peu moins que plus ou moins.

Tous les quatre ans, les Etats-Unis sont en campagne pour la présidentielle, ce qui donne lieu à une multitude de sondage. Or, certains analystes on pu noter deux particularités aux sondages réalisés pendant l'été. Tout d'abord, on constate une très grande variabilité entre les résultats des différents instituts (mais est-ce vraiment spécifique à la période estivale ?). Et surtout, on observe que le candidat républicain est généralement sous-estimé de quelques points (entre 3 et 5) pendant cette saison (en 2004, le candidat démocrate, John Kerry, semblait quant à lui sous-estimé durant le mois de novembre, mais cela semble être propre à cette élection seulement).



Pourquoi ? Dès 1980, Louis Harris expliquait cette anomalie apparente par un fait bien simple : les électeurs républicains sont plus âges et plus riches que les démocrates, ils voyagent donc plus, sont moins susceptibles d'être chez eux durant les mois d'été, et ils ne peuvent donc pas répondre aux appels téléphoniques des instituts de sondage. Puisque, contrairement à une idée répandue, le comportement électoral des riches et des pauvres n'a pas spécialement changé depuis la New Deal (voir ici, , et bientôt ), ce modèle n'a guère de raison d'être périmé aujourd'hui.

Bien entendu, moins la méthodologie de l'institut est de bonne qualité, plus le pourcentage du candidat républicain sera sous-estimé, et inversement. La plupart des "mauvais" sondeurs utilisent une méthode contestée, celle du random digit dialing : un ordinateur tire au hasard un numéro de téléphone à appeler. Cette technique présente bien des problèmes au premier rang desquels la question de la représentativité de l'échantillon. Si durant l'été les républicains sont moins facilement joignables que les démocrates, alors l'échantillon est faussé.

En principe, un bon institut rappellera le numéro injoignable, mais quand on sait que les médias préfèrent utiliser les services des sondeurs aux techniques les moins onéreuses, et que ceux-ci préfèrent faire vite (et donc ne pas prendre le temps de rappeler les personnes absentes de leur domicile à plusieurs reprises), on comprend que le biais ainsi induit n'est pas sans conséquences.

Imaginons un exemple extrême pour illustrer cet effet. Dans la ville de Green Bay, Wisconsin (220,000 habitants), un référendum est organisé au sujet de la construction d'un nouveau stade pour l'équipe de football américain locale, les Packers. Un institut de sondage décide de conduire une enquête, mais choisit de la mener le jour où les Packers jouent à domicile au Lambeau Field, dont la capacité est de 72,000 place. Admettons que 50,000 habitants de Green Bay décident d'aller voir le match, prêt d'un quart de la population de la ville est alors injoignable par téléphone. Bien entendu, l'échantillon recueillit par le sondeur sera très différent de la réalité de la population de la ville. Toute proportion gardée, c'est le même effet qui joue sur les sondages réalisés pendant l'été.

Bref, avec Barack Obama à 5,4 points d'avance sur John McCain selon RealClearPolitics, ce dernier n'a - pour l'instant - pas trop à s'inquiéter. Les deux candidats sont à égalité.

lundi 30 juin 2008

Qui annoncera son colistier le premier ?

Certes, on connait déjà le nom du colistier de Bob Barr, le candidat du parti libertarien : ce sera Wayne Allyn Root. De même, Ralph Nader a annoncé qu'il ferait campagne au côté de Matt Gonzalez. Mais même si les spéculations vont bon train sur le nom de leur futur running-mate, on n'a encore aucune idée du choix des deux candidats principaux, John McCain et Barack Obama. Quand leurs noms seront-ils annoncés ?

A l'exception de la tentative avortée de Reagan en 1976 d'annoncer que son colistier serait Mark Schweiker (ce sera en fait Gerald Ford qui sera la candidat du GOP à la Présidence), la plupart des candidats à la Vice-présidence étaient annoncés durant la Convention avant 1984. Le choix historique de Walter Mondale de désigner une femme, Geraldine Ferraro, en 1984, avait été annoncé quatre jours avant la Convention, alors que les républicains n'ont commencé à annoncer le nom du colistier en avance qu'en 1996. En 2004, la date retenue par John Kerry pour rendre publique l'identité de son running-mate (John Edwards), trois semaines avant la Convention était sans précédent.

1984 (D):
Annonce : 12 juillet
Convention : 16-19 juillet

1988 (R):
Annonce : pendant la Convention

1988 (D):
Annonce : 13 juillet
Convention : 18-21 juillet

1992 (D):
Annonce : 9 juillet
Convention : 13-16 juillet

1996 (R):
Annonce : 10 août
Convention : 12-15 août

2000 (D):
Annonce : 7 août
Convention : 14-17 août

2000 (R):
Annonce : 25 juillet
Convention : 31 juillet-3 août

2004 (D):
Annonce : 6 juillet
Convention : 26-29 juillet

Cette année, la Convention démocrate se tiendra du 25 au 28 août (à Denver), et la Convention républicaine aura lieu du 1er au 4 septembre à Saint-Paul.

John McCain pourrait décider d'annoncer son choix plus d'une semaine avant la Convention, soit avant la Convention démocrate elle-même. Il bénéficierait sans doute d'un bond dans les sondages qui masquerait la poussée probable post-Convention dont bénéficiera Barack Obama. Sachant que la Convention qui intronisera le sénateur de l'Illinois précède d'une semaine la Convention républicaine, la pression risque d'être forte sur John McCain pour qu'il annonce son choix plus tôt dans le mois d'août, ou même de juillet.

La meilleure option serait à mon sens qu'il attende que Barack Obama fasse connaître le nom de son colistier, afin d'y adapter son propre choix. Sauf si, et c'est possible, les sondages continuent de descendre pour le candidat républicain. Il aura alors impérativement besoin d'un rebond pour ne pas être définitivement catalogué comme étant l'oustider, et cela pourrait avoir lieu grâce à la désignation du candidat à la Vice-présidence.

Pour Obama, l'annonce aura sûrement lieu tôt en août; en effet, à partir du 8 août, les gros titres des journaux risquent fort d'être accaparés par les Jeux Olympiques pendant trois semaines, et l'impact de la désignation serait alors réduit d'autant. D'un autre côté, le travail de sélection est un processus long, et l'équipe de Barack Obama l'a débuté tard à cause de l'exceptionnelle longueur des primaires démocrates. Reste la possibilité d'une annonce pendant la Convention.

Comme on le voit, tout cela est très stratégique. Et ce n'est pourtant qu'une facette du problème. Le nom du colistier est un enjeu certainement plus important pour les deux candidats. Nous y reviendrons.

jeudi 19 juin 2008

La première publicité de Obama

L'équipe de Barack Obama a rendu publique la première publicité de sa campagne pour les élections présidentielles. L'idée est sans doute d'enlever aux électeurs les doutes qui peuvent encore exister sur le fait que Obama est musulman, et de montrer qu'il est, au fond, un Américain classique issu d'un milieu populaire. Pour ce faire, certains passages de sa biographie son expurgés (Harvard), d'autres montés en épingle et exagérés (l'enfance quasiment country folks dans le Kansas), mais le résultat semble tout à fait honorable.





Surtout, les Etats dans lesquels est diffusée cette pub nous renseignent sur les cibles de l'équipe de campagne de Obama : Alaska, Colorado, Floride, Géorgie, Iowa, Indiana, Michigan, Missouri, Montana, Nevada, New Hampshire, Nouveau Mexico, Caroline du nord, Dakota du nord, Ohio, Pennsylvanie, Wisconsin, et Virginie. Voici donc la carte politique de la bataille électorale telle qu'envisagée par le camp démocrate :



La plupart de ces États ne sont pas une surprise. Selon la plupart des commentateurs et des analystes, l'élection se jouera dans trois zones : la Rust Belt (Ohio/Pennsylvanie/Michigan) où Obama devra convaincre les fameux white working-class, la Virginie (et éventuellement la Caroline du nord) où l'afflux de travailleurs spécialisés dans la haute technologie venus de Nouvelle-Angleterre bouleverse rapidement les rapports de force électoraux, et le sud-ouest (Nevada, Colorado, Nouveau Mexique) où le niveau du vote latino en faveur du candidat démocrate sera déterminant.

D'autres États ciblés par la campagne de publicité sont plus étonnants. L'Alaska, tout d'abord, où un récent sondage a montré que les deux candidats étaient quasiment à égalité là où, il y a quatre ans, George Bush avait battu John Kerry de 26 points. Le Montana et le Dakota du nord ensuite, là encore deux solides bastions républicains dans les dernières élections en lesquels l'équipe du candidat démocrate semble fonder quelques espoirs. Et enfin la Géorgie qu'un sondage tout frais donne indécis, ce à quoi je ne crois absolument pas avec un Obama à +4 au niveau national.

Il s'agit sans doute pour l'instant plus de simples coups de sonde que de réels espoirs, d'autant plus que le coût des publicités est relativement peu élevé dans ces quatre États. En cas de retours positifs, les démocrates pourraient intensifier leurs efforts dans ces régions, mais si la partie s'annonce mal engagée, ils devraient éviter de perdre leur temps et leur argent dans ces Etats.

Il est aussi intéressant de noter que l'équipe ne voit pas, pour le moment, de nécessité à faire campagne dans des Etats jugés indécis en 2004, et qui paraissent fortement ancrés dans le camp démocrate cette année : Minnesota, Oregon, Washington.