mardi 26 août 2008

Un bide pour Biden ?

Le jeux de mot est un peu facile, mais il est pour l'instant justifié. Trois jours après le choix de Joe Biden comme colistier, les sondages ne semblent pas marquer la hausse qui bénéficie traditionnellement au candidat concerné.

Gallup nous rappelle que, lors des trois derniers scrutins présidentiels, l'annonce du nom du colistier a bénéficié au ticket concerné, de manière certes diverse (entre trois points de hausse pour la nomination de Dick Cheney en 2000 et neuf points pour celle de Jack Kemp en 1996). Reste que la hausse, selon l'institut, est "en moyenne de cinq points".


De même, le choix du colistier est bien évidemment basé en grande partie sur la capacité de ce dernier à attirer des électeurs hésitants et à leur donner plus envie de voter pour son ticket. Le Roper Center for Public Opinion Research nous donne un aperçu de la réalité de cet effet lors des trois dernières élections présidentielles.


Comme souvent, les différents instituts posent des questions sensiblement différentes, mais à chaque fois, une même tendance se dessine : une large majorité des électeurs estime que le nom de colistier ne fait "pas de différence" quant à leur vote; entre un quart et un cinquième de l'électorat estime que le colistier les incite à voter pour le ticket; entre un vingtième et un cinquième des électeurs se disent moins enclins à voter pour le ticket.

Quelle est la situation cette année, à la suite de la désignation de Joe Biden ?

Seuls trois sondages ont été totalement réalisés suite à cette désignation, dont deux daily tracking polls.

Pour l'enquête CNN/Opinion Research effectuée entre les 23 et 24 août, John McCain et Barack Obama sont à égalité, avec 47% d'intentions de vote chacun. C'est un net recul par rapport à la précédente étude CNN/Opinion Research, qui donnait à Barack Obama 51% des voix contre 44% à son adversaire républicain, soit une avance de sept points.

Il en va de même chez Rasmussen, qui note que "les résultats des sondages sont en mouvement, mais pas dans la direction que beaucoup anticipaient". En effet, alors que Barack Obama dépassait John McCain de trois points les 24 et 25 août, le résultat du 26, le seul réalisé entièrement depuis la nomination de Joe Biden (Rasmussen agrège les résultats des sondages des trois derniers jours), met les deux candidats à égalité, avec 44% des voix chacun et 46% en comptant les électeurs hésitants mais qui émettent quand même un avis. C'est la première fois depuis le 9 août que McCain rattrape son adversaire.


Dans un autre sondage, le même institut indique que le nombre d'Américains se montrant plus enclins à voter Obama avec Joe Biden à ses côtés est similaire au nombre de ceux se montrant moins enclins à voter pour ce ticket (32%) alors que comme on l'a vu, les premiers ont dans es dernières élections toujours surpassé les seconds.

Enfin, Gallup montre une tendance similaire. Généralement en avance ou à égalité avec John McCain, Barack Obama est distancé de deux points. C'est la première fois que le républicain dépasse le démocrate depuis le début du mois de juin.


Pourquoi le choix de Joe Biden semble avoir un impact négatif sur la campagne démocrate ? Sans doute en grande partie à cause de la dureté de la course à l'investiture des six premiers mois de l'année. Dans l'enquête Rasmussen déjà citée, la différence de réaction à la nomination de Joe Biden est flagrante entre les hommes et les femmes : les hommes sont plus enthousiastes envers le choix d'Obama que les femmes.


L'ampleur du fossé à la question "Biden était-il le bon choix" (réponse positive de +22 pour les hommes, contre +6 pour les femmes) peut faire penser que les femmes, qui ont très majoritairement voté en faveur de Hillary Clinton pendant les primaires, estiment que celle-ci aurait du figurer sur le ticket démocrate. La plus faible différence entre hommes et femmes aux autres questions est un indication que les femmes n'ont pas une opinion nettement plus défavorable que les hommes envers Joe Biden et sa capacité à devenir, le cas échéant, Président. Pour les électrices Américaines, Hillary Clinton était un choix logique et la surprise est mauvaise, mais il n'y a cependant pas de rancœur particulière envers le colistier finalement choisit.

Reste que nous sommes le 26 aout, trois jours après l'annonce de la nomination de Joe Biden. Peut-être faudrait-il attendre quelques jours pour prendre l'entière mesure de l'effet de ce choix sur l'opinion publique américaine. Mais la Convention démocrate qui commence risque de brouiller l'interprétation des prochaines évolutions des sondages : seront-elles conséquences de la nomination de Joe Biden, de la Convention, ou d'autres événements inattendus ?

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