lundi 16 juin 2008

Le "bounce" post-Clinton de Obama

De nombreux commentateurs s'attendait à ce que, juste après la fin des primaires et le retrait de Hillary Clinton, Obama connaisse un sursaut dans les sondages.

Au niveau national, ce fameux "bounce" a bien eu lieu. Problème, il a été très réduit. Selon Rasmussen, il a permit à Obama d'augmenter son avance de 4 points dans les jours suivants l'annonce de retrait de Clinton (sans compter les 4 points d'avance qu'il comptabilisait déjà, soit 8 points au total). D'après Gallup, une égalité quasiment parfaite entre les deux candidats s'est transformée en quelques jours en une avance de 7 points pour Obama. Et pour RealClearPolitics, l'avance de Obama est passée de moins de 1 point à environ 4 points en quelques jours.

L'effet du "bounce" est donc bien réel, même s'il n'est sans doute pas aussi fort que certains ne l'escomptaient. L'effet au niveau des États est plus net, et surtout plus divers. Nous y reviendrons dans les prochains jours.

Pour autant, être en tête dans les sondages en juin n'est pas synonyme de victoire assurée en novembre.

-En 1988, Michael Dukakis devançait George H. Bush d'une moyenne de 8,2 points selon cinq sondages du mois de juin. En novembre, George H. Bush gagnait avec 7,8 points d'avance.

-En 1992, George H. Bush devançait Bill Clinton d'une moyenne de 4,9 points selon 14 sondages du mois de juin. En novembre, Bill Clinton gagnait avec 5,6 points d'avance.

-Je n'ai pas de sondages du mois de juin pour l'année 1996. Mais selon un sondage Gallup de juillet, Bill Clinton devançait Bob Dole de 17 points. En novembre, Bill Clinton gagnait avec 8,5 points d'avance.

-En 2000, George W. Bush devançait Al Gore d'une moyenne de 4,7 points selon 14 sondages du mois de juin. En novembre, Al Gore gagnait (le vote populaire) avec 0,5 points d'avance.

-En 2004, John Kerry devançait George W. Bush d'une moyenne de 0,9 points selon 16 sondages du mois de juin (ce mois représentait, et de loin, sa meilleure performance dans les sondages de l'année). En novembre, George W. Bush gagnait avec 2,4 points d'avance.

On le voit, la marge d'avance du vainqueur - dans les sondages - en juin à tendance à baisser, voire à s'inverser au cours des mois restants. Le vainqueur putatif du début de l'été a donc toutes les chances de perdre en novembre, si du moins cette tendance n'est pas due qu'au hasard.

Mais est-ce bien déterminant ? Obama comme McCain peuvent connaitre d'autres hausses après la désignation de leurs colistiers respectifs, les Conventions, les débats, sans compter une possible "surprise d'octobre" . Et chacun de ces évènements peut annuler l'effet des précédents. Comme l'ont montré Andrew Gelman et Gary King, les électeurs déterminent leur choix selon ce qu'ils ont appris pendant la campagne sur les candidats et leurs programmes, en plus des variables sociologiques lourdes décrites par Campbell, Converse, Miller et Strokes dans The American Voter. Les variations des sondages ne représentent donc que les réactions des électeurs aux évènements de la campagne, variations qui n'ont pas de conséquences directes sur les résultats en eux-mêmes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout cela va devenir très répétitif pendant la campagne. Le bounce post-retrait de Hillary sera compensé par celui de la nomination du colistier de McCain, lui-même compensé par l'annonce du colisitier de Obama, et puis il y aura les Conventions, et puis le mois d'octobre... C'est pas fini.